Pour contrer l'énergie chère, certains choisissent un logement autonome. Une solution qui séduit de plus en plus.
Une énergie chère ? "Cela ne me concerne plus", explique l'ingénieur à la retraite, qui s'est lancé il y a six ans dans la construction d'une maison riche en énergie, aujourd'hui une solution de plus en plus populaire. Ossature bois sur pilotis, isolation naturelle en chanvre pressé, 110 m2 de panneaux solaires sur le toit, chauffe-eau solaire, cette maison des Pyrénées Geo Trouvetou se détache du paysage du petit village de Saint-Priest-la-Plaine. La Creuse est plus habituée aux vieilles façades en pierre.
Le style importe peu à son propriétaire en raison des économies réalisées. "Si je compte le chauffage, l'eau et l'électricité, je dois économiser près de 4000 euros par an", estime Jean Chappert, 66 ans. Une réduction des coûts - et des frais postaux - à l'heure où beaucoup, au contraire, voient leurs factures augmenter. Seule l'eau le ramène à cette réalité. Mais avec l'aide d'une perceuse, il réussit bientôt sans ordre.
Elle produit actuellement 4,5 kilowatts (kW) d'électricité, ce qui est suffisant pour une telle maison. Et ajoute bientôt : « Je passerai en 9 kW quand je ferai la véranda avec de nouveaux panneaux. Ça me permettra de recharger ma future voiture électrique."
Son apport à la retraite après une carrière professionnelle à Paris dans la Creuse a failli payer. Mais l'aventure n'a pas été facile, en commençant par un permis de construire sans raccordement au réseau public. ." On m'a demandé pourquoi j'avais fait un tel choix. Cela nécessite des mesures administratives, ce qui nous conviendrait », souligne-t-il avec sa petite revanche à chaque fois qu'un orage provoque une panne d'électricité et que les voisins lui demandent de tirer le fil…
208 000 installations autoconsommation
Ces dernières années, la donne a changé et de plus en plus de Français choisissent d'être autonomes en énergie en raison de la hausse des prix et des problèmes climatiques. En 2015, Enedis ne comptait que 3 000 installations individuelles d'autoconsommation raccordées au réseau, mais l'administrateur en recensait fin septembre près de 208 000, qui ont doublé en 18 mois.
Nouveau Creusois, dont la démarche ne passe pas inaperçue aux yeux de son entourage, ne veut pas devenir "super écolo en classe" et se revendique "essentiellement économique", soulignant qu'il n'a pas installé de toilettes sèches, qu'il utilise un lave-vaisselle et une piscine... Sa situation attise la curiosité, voire les envies. Plusieurs personnes étaient déjà venues le voir. "A Lima, de plus en plus de gens veulent faire pareil, ils cherchent des conseils, alors je leur en donne."
Quitte à tempérer la passion. "Tout le monde n'a pas les moyens d'investir plusieurs dizaines de milliers d'euros dans une maison. Et n'allez pas croire que l'électricité et la chaleur peuvent être produites avec des panneaux solaires", lance celui qui se chauffe au bois scié ou aux granulés. L'ancien chauffagiste préfère s'en tenir à des principes de base, comme la qualité de l'isolation ou l'orientation de la maison, qu'il souhaite respecter lors de la phase de construction. "Cela permettrait aux crises d'avoir moins d'impact", estime-t-il, ajoutant toutefois qu'il "est trop tard pour cet hiver".
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